La 222 Mini Solo, ma première course en solitaire !

Le départ est prévu à midi, avec un briefing skipper à 8h30. Je me lève donc de bonne heure pour tour préparer. Comme je suis assez stressée (il faut dire à ma décharge que ce sera ma première navigation en solo), je décide de préparer le plus possible avant. Les autres sont plus tranquilles, ils savent que la météo leur permettra de préparer tranquillement sur le chemin vers la ligne. Mais bon, on ne se refait pas ! Je déroule donc la grand-voile, installe le solent le long de l’étai et je prépare également le gennaker. Aucun souci en effet pour naviguer et cela m’évitera d’aller jouer tout au bout du bout dehors, d’autant que je suis capable de l’oublier. Bref, pour vous montrer le niveau de stress des autres, le briefing est décalé à 9h30, tranquillement, pendant que je m’active pour vider les dernières affaires qui me seront inutiles (genre mon pyjama je doute d’en avoir vraiment besoin !).

Je laisse mes voisins partir avant moi, comme ça je suis sûre de ne pas les heurter en partant. Mais la manœuvre de port se passe très bien. Déjà parce que ce n’est pas vraiment moi à la manœuvre et ensuite parce qu’il n’y a pas un pet de vent. Le bateau accompagnateur va d’ailleurs devoir nous tirer jusqu’à la ligne de départ tellement il n’y a pas de vent ! J’ai vraiment l’impression d’être en optimiste, tirée par mon moniteur quand j’avais 8 ans.

Mais sur la ligne de départ, il y a un petit souffle d’air, rien de très méchant mais suffisamment pour avancer et lancer le départ, en retard évidemment, tant qu’à faire. Mon premier relevé de vent à la ligne m’indique que je vais partir à environ 120° du vent. Ça ne vous dit rien ? Aucun souci, j’ai juste besoin de lire ma table qui, pour un angle et une force de vent m’indique les voiles à mettre. Simple, stupide, parfait pour mon moi fatigué et stressé. Ce tableau magique m’indique donc spinnaker max, la plus grande voile que j’ai, mais qui n’est pas forcément très maniable, surtout sur une ligne de départ. J’hésite donc un peu, surtout que je ne sais pas ce que donnera le vent après la ligne. Alors je fais ce qu’il ne faut pas trop faire, je regarde les autres. Et là, je vois des gennaker se préparer un peu partout. C’est une voile plus petite, plus plate et plus maniable. Donc plus facile. Je me laisse tenter et j’envoie cette voile alors que le compte à rebours se lance. De toute façon, pas vraiment le temps de préparer autre chose. Au top départ, je suis lancée, sur la ligne mais… je ne comprends pas trop ce qui se passe, vu que la plupart des infos passent en italien sur une VHF fixée à l’intérieur du bateau mais je comprends vite que ce n’est pas le départ. Et j’entends dans la foulée un nouveau compte à rebours. Sauf que… après ce test, je ne suis pas convaincue par le gennaker, et je reviens sur ma première idée. Sauf que pour changer de voile, il faut rouler l’actuelle, l’affaler, lui voler sa drisse et ses écoutes, perdre une manille au passage… ah ben non ! ben si, tant pis, je ferais sans pour le départ. C’est donc un immense spi qui me porte sur la ligne de départ, avec deux bons gros nœuds de chaises sur mes écoutes parfaitement matelotées. Mais je ne regrette rien, c’est la bonne voile. J’ai un peu de mal à gérer mon timing en parallèle de tous ces changements mais lors du coup de brume, je suis plutôt bien placée, lancée et avec du vent frais donc tout est parfait. La seule chose plus très fraîche, c’est moi qui transpire déjà à grosses gouttes avec toutes mes manip sous le torride soleil italien de 13h… Mais bon, je suis contente de ce que j’ai fait, et la course est lancée !

Après toute cette agitation, il s’agit de se calmer et de correctement régler le bateau pour profiter de ce petit filet d’air. Sauf que mon bateau n’est pas vraiment un cador des vents légers. Il est un peu pataud dans si peu d’air et je vois les autres concurrents me passer devant l’un après l’autre. Non pas toi ! Je joue pour le garder derrière le plus longtemps possible mais je suis rapidement placée en fin de flotte. Je ne lâche rien, je cherche à avoir une belle trajectoire propre et à faire glisser mon bateau. Je sais que plus tard dans l’après-midi, le vent est sensé monter. Mais hormis cette info, tous les modèles météo divergent. Il faut donc jouer à l’instinct, dans un environnement que je connais pour ainsi dire pas. Je reste donc assez centrée sur la trajectoire, ce qui implique beaucoup de changements de voile. Au bout d’une heure déjà, je suis repassée sous gennaker, puis à peine le temps de ranger le grand spi qu’il faut le relancer. Mais ça y est, je sens le vent rentrer. Annoncé à 15 nœuds, il monte à 22 mais c’est un tel plaisir de sentir le bateau s’envoler enfin ! J’ai l’impression qu’il s’extrait de sa gangue liquide pour de longs surfs interminables. Youhou ! C’est vraiment jouissif !

Je double un bateau puis j’en rattrape un autre, c’est vraiment les conditions pour ce bateau. La première marque, l’île Gallinara approche. Je me dis que c’est probablement la fin de ce moment magique mais le vent se met à tourner et à nous accompagner dans notre tour de l’île. Je dis nous parce que je suis au coude à coude avec un autre bateau, qui est juste à 100m de moi, sur ma droite tandis que l’île est à gauche. Si je vous précise ce détail, vous imaginez bien qu’il a son importance. En effet, le vent a tellement tourné sans que j’ai la place d’abattre qu’il a fallu que je l’affale, pas mon concurrent… J’ai hésité à l’affaler parce qu’en bourrinant, ça pouvait passer mais en cas de problème, je n’avais aucune marge de manœuvre pour ranger tranquillement ma voile. J’ai donc suivi le choix de la raison, même si je savais que j’allais relancer le spi 10 min plus tard. Evidemment, j’ai fait un paquet de nœuds au passage, ce qui a largement augmenté cette durée mais passons…

Me voilà donc sur le 2ème bord de cette course, en direction du cap Corse. La nuit est tombée et il y a un clapot très désagréable. J’essaie de caler le bateau tant bien que mal mais il bute sur chaque vague et ma confiance trop limitée dans mon pilote automatique m’empêche de lâcher la barre. Le clapot se calme peu à peu mais je pense que je dors moins d’une heure lors de cette première nuit. Il faut dire que la première fois que je me lance dans une sieste (dans le cockpit, ma confiance ne s’étend pas jusqu’à me laisser trop loin de la barre), j’ai une énorme alarme au bout de quelques minutes, avec le pilote qui s’affole. Je ne sais absolument pas pourquoi mais le pilote a considéré que j’étais passée par-dessus bord !

J’essaie de garder une route assez centrée par rapport à l’orthodromie pendant toute la nuit mais là tout de suite, je vous avoue que le reste est assez flou… J’ai probablement dû passer par le gennaker à un moment avant de me retrouver sous solent avant le cap Corse où le vent s’est mis à monter. Là, d’après ma table magique des voiles, j’aurais dû être sous grand-voile 2 ris, solent 1 ris et gennaker. Mais comme il me restait moins d’une heure de route, qu’il y avait un risque que le vent tourne (et augmente !) à l’approche du cap Corse, et que je galérais déjà comme ça, ma flemme et ma peur ont décidé de simplement prendre un ris. Le passage entre le cap Corse et Giraglia, une célèbre île de régate (enfin il paraît, je ne le savais pas avant de partir) a été absolument magnifique. Et comme prévu, j’ai abattu après ce passage pour m’orienter vers la 3ème et dernière marque du parcours. Du coup, j’ai pu enlever mon ris, me féliciter de ne pas en avoir pris deux et envoyer le grand spi. Le vent s’est peu à peu calmé, un peu trop même, surtout au vu du petit clapot qui était de retour. Au loin, je vois deux bateaux, mes cibles, d’autant que je ne sais pas ce que les autres ont fait pendant la nuit. A un empannage, j’ai vécu un grand moment de solitude : je fais ma manœuvre mais le vent continue de tomber et je me retrouve à me faire balloter par les vagues, sans réussir à gonfler à ma voile, sous les yeux incrédules d’un voilier au moteur, qui a visiblement dévié sa route pour s’approcher de moi et s’est arrêté à quelques dizaines de mètres. Hyper bizarre, je fais semblant qu’ils ne sont pas là et j’essaie de repartir, ce qui comme d’habitude marche beaucoup moins bien que quand on est tout seul dans son coin !

Alors que je m’approche de la dernière marque de parcours, l’île Capraia, le vent se met à tourner et c’est à mon avantage ! Empannage, affalage, envoi de gennak, je reviens dans la course avec les bateaux de devant. Enfin en tout cas, moins loin qu’avant. Et puis je la connais cette île, avec toutes ces courses italiennes, c’est quand même la 3ème fois que j’y passe ! Je suis donc confiante et le bateau glisse tranquillement dans un vent léger. Quand soudain, c’est le drame ! Enfin, non rien de si grave (surtout dans ce vent là) mais j’ai un nœud qui glisse sur mon outrigger, qui lui-même tient le bout-dehors qui lui-même supporte le gennaker qui se met, du coup, à battre frénétiquement et inutilement sous le vent. Heureusement, dans 10 nœuds de vent, rien de tout ça n’est très grave et j’arrive sans trop de problème à ramener la voile à bord, saine et sauve. Le nœud est rapidement refait et sécurisé mais reste un problème : cette voile est normalement roulée avant d’être affalée, ce qui facilite de mettre le bout dehors au centre. C’est donc parti pour des essais plus ou moins débiles pour renvoyer ma voile telle quelle. Elastique, winch, force, timing, ruse, tout y passe et j’arrive finalement à mes fins. Sauf que… pendant toutes ces péripéties, j’ai fait moins attention à ma route et je me suis largement rapprochée de Capraïa l’île maudite, beaucoup trop à mon goût. Et l’angle de vent me ferait plutôt pencher pour le spinnaker max mais je n’ai plus assez de vent pour cela. Je continue donc bon gré mal gré ce non choix. Le pire serait de repartir dans l’autre sens. Et les autres devant ne sont pas tant que ça beaucoup plus loin de l’île donc ça va. J’arrive donc tranquillement dans la pétole molle quand les deux bateaux de devant repartent. Sauf qu’à ce moment, un bateau débarque de derrière, à fond de train (enfin c’est relatif, il doit avoir 4 nœuds de vent tandis que j’en ai 2…) et commence à me doubler sans aucun effort apparent. Et moi, je suis là, dans ma pétole à ne rien pouvoir faire d’autre que de rager. Encore pire lorsque je vois un deuxième bateau débarquer juste derrière moi. Mais cette fois, mon double maléfique se réjouit qu’il vienne s’encalminer avec moi (ça c’est une figure de style pour me dédouaner et vous faire croire que je garde en permanence en fair-play à toute épreuve). Mais là, ma bonne étoile intervient et le concurrent à ma droite s’arrête. Pétole pour lui aussi, sauf qu’il mettra encore plus de temps que moi à s’en sortir ! Absolument incroyable ! Je m’écarte donc paresseusement de l’île, le bateau suisse qui était derrière moi sur les talons. Pour lui aussi, je me dis que c’est foutu parce que son bateau est particulièrement efficace dans le petit temps. Mais là encore, ma bonne étoile intervient et fait revenir le vent. L’écart se creuse, j’envoie le gennak, c’est parfait ! Le bateau est parfaitement réglé, parfaitement rangé, parfaitement équilibré et il glisse tranquillement sous pilote. J’en profite donc pour faire mon premier vrai repas ! Un couscous un peu sec absolument délicieux ! Enfin les 3 premières bouchées puisque juste après, le pilote décide de m’abandonner et je vois le bateau abattre. Ça arrive que le pilote décroche mais cette fois, la barre est complètement bloquée ! Après quelques essais, je décide de couper tout l’électronique du bord, moment où mon couscous en profite pour se faire la malle. Le problème est donc vite réglé (même si le suisse en a profité pour gagner du terrain) mais je me retrouve dans un cockpit glissant et très couscousseux ! C’est parti pour un bon bain ! A grand renfort de seaux d’eau, j’arrive à un résultat acceptable avant la tombée de la nuit. J’ai même pu récupérer une partie de mon repas !

La nuit tombe et moi aussi. Malgré le dernier problème de pilote, je pars dormir, cette fois en confiance et j’enchaîne une sieste de 20 min, puis deux puis… je sais pas trop, je me réveille mon alarme est éteinte, je ne sais si je l’ai éteinte ou si j’ai oublié de l’allumer et surtout je ne sais pas combien de temps j’ai dormi. Au moins 1h, c’est probable, mais potentiellement bien plus. Je sors donc un peu catastrophée mais le bateau est calme, sur sa route. Je fignole un peu le réglage des voiles mais rien de dramatique… Et je repars me faire une sieste ou deux… Moralité, j’ai super bien dormi, d’autant que j’avais très dormi d’ici-là et le bateau ne s’en est pas porté beaucoup plus mal. J’aime à penser que s’il s’était passé quelque chose, ça m’aurait réveillé comme ça a été le cas déjà plusieurs fois où je n’ai pas été au bout de ma sieste. Le vent monte, je matosse tout le poids au vent pour continuer à garder le gennaker aussi longtemps que possible. Le vent est ici une denrée trop rare pour ne pas en profiter !

Le bateau est maintenant sur la tranche, mais incroyablement stable. Il tient terriblement bien sa route, ce qui me donne envie de garder le gennaker, même si je suis un peu en-dehors de ma table magique. Je me dis que si je tiens plus de toile, ça doit aller plus vite ! En écrivant ces lignes, je me dis que pas forcément si ça me fait marcher en crabe mais les quelques heures de sommeil, quoi que réparatrices, ne me permettent pas de tenir un raisonnement aussi poussé. Et même si je l’avais eu, pas sûr que j’aurais affalé pour autant !

Le matin arrive et le vent se maintient, je vois le trait de côte se dessiner, c’est la baie de Gênes, ma destination ! Je repasse alors en mode terrien et me prend à estimer dans combien de temps je peux arriver. Evidemment, là-dessus le vent tourne légèrement, m’oblige à affaler le gennaker et à ainsi stopper ma folle course. Et tant qu’à faire sa mauvaise tête, le vent en profite aussi pour mollir. Moi qui commençait juste à avoir l’impression de rattraper les deux bateaux devant moi ! Et si je m’arrête, les deux bateaux de derrière vont me rattraper, d’autant qu’ils sont meilleurs dans le petit temps, et je vais me retrouver dernière, non !

Je passe en mode dériveur, à lire les risées sur l’eau, à virer pour y rester et à sentir sur mon visage les changements d’angle. Enfin, j’essaie. Les gens qui doivent regarder ma trace grâce à la balise de traçage ne doivent pas comprendre grand-chose à ma trajectoire labyrinthique ! Mais je m’en fous, je continue à avancer, lentement mais sûrement. J’en profite pour refaire mes calculs d’arrivées qui tombent à… 48h de route restantes ! Euh, va vraiment falloir que je trouve du vent…

Il finit par revenir et s’établir tranquillement, et c’est reparti pour un beau bord sous gennaker, quoi qu’avec un vent plus léger. Je refais mes calculs, 3h de route, c’est largement plus acceptable ! Je voudrais aller faire une sieste, je suis fatiguée mais je me dis que j’arrive bientôt. Grave erreur il ne faut jamais faire ça. Mais là, c’est bon, la côte de Gênes se rapproche, plus que 2 milles (4km) avant l’arrivée, je préviens le comité de mon arrivée. Pas de réponse mais je ne m’inquiète pas plus que ça. Mes deux concurrents n’ont pas dû me précéder de beaucoup, ils m’ont probablement déjà repéré. Le vent tourne, je devrais passer sous spi max. J’ai la flemme. Oui mais en même temps, si la photographe est là… Et puis autant finir en beauté, ce sera de toute façon ma dernière manœuvre. Alors c’est parti et mon spi d’étale fièrement… devant un paquebot à passager qui déboule juste sous moi. Je précise que oui il y a beaucoup de trafic à Gênes mais que justement la ligne d’arrivée a été décalée pour ne pas se gêner avec les ferrys et cargos donc celui-là n’a rien à faire là. J’ai deux solutions, lui passer derrière ce qui m’arrange s’il continue sur sa trajectoire mais je serais bien embêtée s’il tourne vers le port ou bien je me dévie un peu, ce qui va me gêner mais me permet de temporiser. Je pourrais aussi les appeler à la VHF pour savoir ce qu’ils comptent faire mais ils sont probablement italiens et je n’ai pas vraiment envie d’une conversation en anglais avec une VHF crachotante. Je choisis donc de garder mes distances et de surveiller ce paquebot qui s’arrête… fais demi-tour… et repars… Son GPS n’a pas dû faire toutes les mises à jour ! « Faites demi-tour dès que possible ».

Je repars donc, un peu retardé par cette rencontre mais plus de peur que de mal. De toute façon, le vent est correct et il ne reste qu’un mille avant l’arrivée, je ne vois pas bien ce qui pourrait arriv… ah ben si, je vois, le vent qui s’est fait la malle… Je me retrouve donc à affaler ma voile immense, relancer une qui se tiendra mieux dans la pétole et rager ! Il me faudra UNE HEURE pour rejoindre les coordonnées GPS de l’arrivée. UNE FOUTUE SACREE HEURE COMPLETE ! Pendant ce temps, impossible de joindre le comité de course par VHF, je les imagine dans chaque bateau de plaisance que je croise mais je finis par arriver au point donné et… personne… Je filme mon arrivée, pour bien enregistrer l’heure et le point GPS. Est-ce que je suis tellement loin derrière tout le monde qu’ils sont tous à l’apéro et m’ont oublié ? J’avoue que je suis hyper triste, cette arrivée à un goût vraiment bizarre. J’essaie de faire une vidéo parce que quand même, je viens de finir ma première course en solo !! Mais le cœur n’y est pas. Alors je me concentre sur la suite, rentrer au port à la voile. Je réfléchis comment je vais pouvoir faire ma manœuvre à la voile. Moi qui n’aime pas les manœuvres de port, je vais être servie pour une première en solo !

Je suis encore en train de déprimer quand je vois un semi-rigide foncer sur moi. Ça, ça doit être le comité ! Hé oui, c’est Matteo qui m’annonce que sa VHF est cassée et m’indique l’arrivée. Ben euh je l’ai déjà passée en fait l’arrivée… Oui ben pas la bonne visiblement… J’empanne en catastrophe pour me diriger vers la vraie ligne de départ, sous l’objectif de la photographe, qui s’arrête juste un instant me dire que mes lattes ne sont pas dans le bon sens, c’est sûr que ça fait un peu désordre. Mais je suis bien contente de revoir du monde ! Matteo me dit que j’ai fait une très belle course, que j’ai bien joué avec la tête de course et que les deux autres bateaux ne sont arrivés qu’il y a 1h. Attends, quoi ? Les deux autres bateaux ? Il n’y a que deux bateaux déjà arrivés ? Ben oui. Je suis 3ème ?! Ben oui ! J’exulte intérieurement, mes efforts ont payé ! Et moi qui croyait être bonne dernière !

Matteo me laisse finir, et je rejoins le canot qui fait office de ligne d’arrivée. Bien sûr, ils me font des signes au moment de passer, que j’interprète mal, ce qui me fait me lancer dans une manœuvre autant scabreuse qu’inutile mais ça y est, j’ai fini ! J’affale tranquillement et je leur lance le bout de remorquage. Enfin tranquillement non. Moi je m’active à toute vitesse sur le bateau mais eux m’exhortent à prendre mon temps… Je perds quand même un pare-battage en cours de route, histoire de faire bonne figure mais ils le récupèrent de bonne grâce et me voilà au port ! Le comité d’accueil est là au grand complet et me félicite chaleureusement ! Je me retrouve rapidement un gin tonic à la main, de la pizza dans l’autre, dans un décor où je dénote un peu, avec mon lycra salé et mes mitaines humides et où je continue de tanguer. Mais quel bonheur d’avoir réussi ! J’ai fini ! Je l’ai fait, j’ai tout donné et j’en suis fière ! Même si le temps a été clément, même si j’ai accumulé les erreurs, même si la pétole n’est pas le fort de mon bateau, je n’ai rien lâché, j’ai fait de mon mieux et j’ai été au bout de mes compétences et de mes forces. Contrairement à ce que j’avais imaginé, les voiles attendront demain pour être roulées, j’accueille les deux bateaux suivants dont j’avais si peur qu’ils me rattrapent et je m’enfonce dans une bonne nuit de sommeil !

Merci à tous ceux qui m’ont soutenus pour cette course, merci à mon cerveau de ne pas m’avoir lâché, merci à tous mes sponsors, Cima boats, Armare, 3D Core, Solbian, Dériveur Services, Voiles & Décors, merci à Henri de m’avoir aidé à me préparer à cette course, merci à Martial (Mini 138) de m’avoir suivi de près, ce qui m’a obligé à ne rien lâcher, merci à la classe Mini italienne pour son accueil chaleureux et un merci tout particulier à Matteo et Laura pour leur aide précieuse, leur soutien et leurs traductions.

Merci à vous de lire ma prose, je ne pensais pas écrire si longtemps. Je sais que j’ai oublié plein de détails mais je crois que je vais quand même vous laisser tranquille… pour cette fois !

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